blog image lundi 18 août 2025
Panel sur le foncier rural lors du Forum du Grand Ouest : l’AFOR plaide pour le renforcement de la sensibilisation en langues locales des têtes couronnées

Ce jeudi 14 août 2025, au siège du Conseil régional du Cavally à Guiglo, la deuxième journée du Forum du Grand Ouest pour la Paix, était consacrée à la réflexion scientifique. Deux panels notamment ont enrichi les réflexions au cours de cette journée. L’AFOR a activement pris part au premier panel dont le thème évocateur « Gouvernance du foncier rural dans un contexte de tensions communautaires : leviers pour une paix durable», ne lui laissait aucune autre alternative. 

Empêché, le Ministre BAMBA Cheick Daniel a instruit MM. Mathias KOFFI, Directeur des Opérations Techniques, et Cyrille SÉTY, Responsable de la Communication et de l’Information, à l’effet de porter la voix de l’AFOR au cours de cette importante rencontre d’échanges sur la gestion apaisée du foncier rural dans le grand ouest, et au-delà, dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire. Le premier cité était l’un des panelistes, et le second, faisait office de modérateur. 

Devant une assistance de qualité, composée de deux membres du Gouvernement, la Ministre d’Etat Anne-Désirée OULOTO, la Ministre de la Cohésion Nationale, de la Solidarité et de la Lutte contre la pauvreté, Mme Belmonde Myss DOGO, deux Préfets de région, du Cavally et du Worodougou, le Président du COJEP, M. Charles BLÉ GOUDÉ, des universitaires, élus et cadres, des têtes couronnées, garants des us et coutumes, M. Mathias KOFFI, au cours des échanges qui ont suivi son exposé, a plaidé auprès du Conseil Régional, à l’effet d’organiser des sessions de formation en langues locales, destinées aux têtes couronnées. Avec pour objectif de mieux faire comprendre le rôle prépondérant que la loi octroie aux Comités Villageois de Gestion Foncière Rurale (CVGFR), notamment dans la reconnaissance démocratique du droit foncier coutumier à l’échelle du village. 

« Toutes les fois que nous venons ici, c’est la même préoccupation qui revient. Le certificat foncier ne doit pas être délivré aux migrants mais uniquement aux autochtones. Il faut que nos parents comprennent que nous ne travaillons pas en dehors de la loi. Et cette loi dit que le certificat foncier est délivré à toute personne détentrice de droits fonciers coutumiers au terme d’une enquête officielle. Que cette personne soit autochtone ou venue d’un autre pays ou d’une autre région de la Côte d’Ivoire, si l’enquête confirme ses droits, le certificat foncier lui est délivré», a-t-il expliqué dans un premier temps.

« Deuxièmement, ce n’est ni l’AFOR ni le Préfet encore moins Mme la Ministre d’Etat, qui décide à qui on doit donner le certificat foncier. C’est vous les populations qui avez le pouvoir de décision. Réunies au sein des comités villageois, toutes les demandes de certificats fonciers passent par vous. C’est votre décision que l’AFOR et les Préfets valident. Voici ce que dit la loi. Rien d’autre ne se fait», a ajouté le Directeur des Opérations Techniques de l’AFOR. 

M. Mathias KOFFI a ensuite fait un plaidoyer auprès de Mme la Ministre d’Etat Anne-Désirée OULOTO, Présidente de la région du Cavally, afin que le Conseil régional s’implique pour l’organisation de campagnes de sensibilisation de proximité, en langues locales, qui permettraient aux têtes couronnées de mieux comprendre la loi et de se l’approprier résolument. 

Il a rappelé que si cette loi était si mauvaise que certains voudraient le faire croire, elle n’aurait pas été votée à l’unanimité par les députés en 1998, après une large consultation des populations de toutes les régions du pays. Après avoir longuement parlé du nouveau paradigme en matière de gestion foncière rurale depuis l’avènement de cette loi, qui reconnaît le droit foncier coutumier, il a exposé le contenu du PRESFOR.

Ce programme, très ambitieux, qui couvre les trois régions du grand ouest, le Tonkpi, le Guémon et le Cavally. M. KOFFI a souligné qu’il ne faut malheureusement pas utiliser le cadre du PRESFOR, pour remettre en cause toutes les transactions foncières qui ont eu lieu par le passé. 

L’un des panelistes, le Préfet Karim DIARRASSOUBA, anciennement Préfet de Toulepleu et actuel Préfet de la région du Worodougou, Préfet du département de Séguéla, a publiquement mis les têtes couronnées devant leurs responsabilités. Il a insisté sur le fait que les tensions constatées dans le domaine foncier rural, sont principalement le fait des têtes couronnées, qui ne respecteraient pas les dispositions pertinentes de la loi de 1998. 

Pour ce faire, il a recadré les interventions des panelistes, qui devraient selon lui, ne pas s’écarter des contenus du Programme National de Sécurisation Foncière Rurale et du PRESFOR, deux programmes très avantageux pour les populations. 

En clair, les interventions du Prof. DION Simplice Yodé, du Préfet Karim DIARRASSOUBA, de M. Mathias KOFFI, du Dr KOUASSI Kouadio Édouard (sociologue), du chef de terre de Duékoué, M. PEKAOU Franck Roland, et du Dr Ibrahim LOKPO, Maire de Saïoua, ont mis en lumière le rôle central des chefs traditionnels dans la prévention des conflits liés au foncier rural.

Le constat est sans équivoque : la mauvaise gestion des terres est l’une des causes majeures des tensions dans les régions du grand ouest, régions pourtant de fortes migrations. Des cessions de terres sans précaution par certains tuteurs alimentent les conflits. 

Intervenant au terme du panel, Mme Anne-Désirée OULOTO a annoncé l’organisation prochaine d’un séminaire de formation exclusivement dédié aux chefs de cantons, de villages et de communautés du pays Wê, afin de clarifier les rôles et responsabilités de chaque partie. Elle a souligné que la paix ne sera pas possible, tant qu’une bonne gestion du foncier ne sera pas assurée. « C’est pourquoi nous devons adopter une approche participative et inclusive, car la loi sur le foncier rural démocratise le processus de reconnaissance des droits fonciers coutumiers avec un rôle majeur accordé aux chefs et aux populations», a-t-elle conclu, non sans apporter son soutien à l’AFOR. 

Ouvert le mercredi 13 août par une grande procession pour la paix, le Forum du Grand Ouest pour la paix s’achève ce samedi 16 août 2025.